14 Décembre 2025 : Le soulèvement tranquille d’une Nation oubliée
— Chronique d’une indépendance rêvée, imaginée, portée par l’Histoire et par un peuple qui refuse l’effacement —

Il y a des dates qui n’appartiennent pas au calendrier, mais à la mémoire.
Le 14 décembre 2025, dans cette narration symbolique, fait partie de celles-là : un jour où un peuple qui avait trop longtemps été considéré comme un simple relief sur la carte s’est rappelé au monde comme une Nation entière, debout et cohérente, avec sa langue, ses lois, ses douleurs et ses rêves.
Dans cette version imaginaire de l’histoire, ce jour-là, la Kabylie a proclamé son indépendance.
Mais avant d’être politique, cet instant fut émotionnel, historique, civilisationnel.
Un peuple, ancien comme les montagnes qui le protègent, a décidé de s’adresser à lui-même, avant même de s’adresser au monde.
I. Une longue marche vers soi
Pour comprendre ce 14 décembre, il faut remonter très loin.
Plus loin que l’État moderne, plus loin que les insurrections du XIXᵉ siècle, plus loin que les frontières tracées au crayon sur les cartes coloniales.
La Kabylie, depuis l’Antiquité, est une terre d’autogouvernance.
Ses villages ont pratiqué la démocratie directe avant que le mot ne devienne un slogan.
Ses confédérations ont négocié, résisté, structuré, protégé — sans jamais céder.
Rome n’a pas pu dissoudre ce modèle.
Les Byzantins n’y sont pas parvenus.
Ni les dynasties qui ont traversé le Maghreb, ni la Régence d’Alger, ni les armées françaises.
Chacun a laissé des traces, mais aucun n’a effacé l’institution centrale de la vie kabyle : la Tajmaɛt, ce parlement populaire enraciné dans chaque village.
Le récit imaginé du 14 décembre 2025 est donc celui d’un peuple qui ne découvre pas son identité :
il la réaffirme.
II. Les blessures qui ont forgé une conscience nationale
Dans cette fresque historique, la Kabylie a connu des épreuves qui auraient pu briser n’importe quel autre peuple.
1857 : Icheridene, la défaite militaire, mais pas morale.
La Kabylie tombe, mais ne se rend pas.
1871 : l’insurrection d’Aheddad et Ameqran.
Une révolte gigantesque, écrasée dans le sang, mais qui grave une date dans la mémoire collective.
1980 : le Printemps berbère.
La jeunesse kabyle réclame le droit élémentaire d’exister dans sa propre langue.
2001 : le Printemps Noir.
128 jeunes tués.
Des milliers de blessés.
Des vies brisées.
Et une rupture profonde avec l’État central.
2019–2021 : les dernières lignes rouges franchies.
Marginalisation politique.
Arrestations arbitraires.
Criminalisation de l’expression identitaire.
Incendies meurtriers.
Dans d’autres régions du monde, ces chocs auraient pu entraîner la résignation.
En Kabylie, ils ont produit l’inverse :
une affirmation encore plus forte d’être un peuple, de penser comme un peuple, d’agir comme un peuple.
III. 14 décembre 2025 : la parole que l’on n’attendait plus
Dans cette version narrée de l’histoire, c’est depuis l’étranger — car l’exil a souvent été le refuge des voix kabyles — que le Gouvernement Provisoire prend la parole.
Sa déclaration, simple mais lourde, tombe comme un éclair :
« Le peuple kabyle proclame son indépendance et entre dans l’ère de la République Fédérale de Kabylie. »
Pour les adversaires, ce n’est qu’une proclamation symbolique.
Pour les Kabyles, dans ce récit, c’est un moment d’une force incalculable :
la reconnaissance par eux-mêmes de ce qu’ils sont.
IV. La Kabylie en liesse : une mobilisation sans mot d’ordre
On imagine les scènes :
À Tizi Ouzou, Vgayet, Bouira, Azazga, Michelet, Larbaâ Nath Irathen, Akbou… Les routes vibrent sous les pas d’une jeunesse qui n’attend que ce moment.
Les drapeaux bleu-vert-jaune se détachent sur les montagnes blanches.
Les chants traditionnels se mêlent aux slogans modernes.
Les anciens murmurent des noms — Aheddad, Matoub, Ameqran — comme pour les appeler à témoigner.
Il ne s’agit pas d’une révolte.
Ni d’un mouvement partisan.
Ni d’une agitation de rue.
C’est un soulèvement identitaire, calme, massif, émotionnel.
Une prise de parole d’un peuple qui n’a pas besoin de violence pour exister.
La diaspora, elle aussi, s’embrase :
Paris, Montréal, Genève, Bruxelles, Londres…
Les places publiques deviennent des extensions de la Kabylie.
V. Le monde observe — une nation se regarde elle-même
Dans ce récit imaginaire, aucune reconnaissance immédiate n’arrive.
C’est normal.
L’Histoire n’a jamais été simple pour les peuples qui se relèvent.
Mais la Kabylie n’attend pas la validation des chancelleries.
Car une vérité fondamentale s’impose :
un peuple n’existe pas parce qu’on le reconnaît,
il existe parce qu’il refuse de disparaître.
Certaines ONG saluent le droit à l’autodétermination.
Certains micro-États appellent à une médiation.
Les puissances occidentales observent, prudentes.
Mais l’essentiel se passe ailleurs :
dans la conscience kabyle.
VI. L’édification d’un État pas comme les autres
Là où beaucoup de nations doivent inventer leurs institutions, la Kabylie les retrouve.
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La Tajmaɛt : démocratie directe, locale, horizontale.
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Les Arch : fédérations communautaires ancestrales.
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La laïcité : ciment historique d’une société diverse.
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La culture du consensus : sagesse millénaire.
Dans ce récit, la Kabylie ne copie pas les modèles étrangers.
Elle ressuscite les siens.
Et c’est pour cela que son État paraît immédiatement cohérent, presque familier, presque naturel.
Le Conseil de Transition s’installe.
Les États fédérés se structurent.
Un Parlement émerge.
Un gouvernement prend forme.
Peu de nations peuvent dire qu’elles deviennent modernes en redevenant anciennes.
VII. Le sens profond du 14 décembre : un peuple qui cesse d’attendre
Le 14 décembre 2025, dans cette projection historique, la Kabylie ne “devient” pas indépendante.
Elle se déclare indépendante.
Et entre les deux verbes, il y a toute la différence du monde.
La Kabylie ne demande rien.
Elle n’exige rien.
Elle ne supplie pas.
Elle affirme.
Elle se reconnaît.
Elle se relève.
Elle dit :
« Nous sommes là. Nous avons toujours été là. Nous serons là demain. »
Et dans les montagnes du Djurdjura, le vent emporte une phrase que toute une génération n’oubliera pas :
« Taqvaylit ur tmut ara — la Kabylie ne meurt jamais. »
Conclusion — Une liberté encore à écrire, mais déjà ressuscitée
Dans cette narration imaginaire, le 14 décembre 2025 n’est pas une fin.
C’est un début.
Ce n’est pas une victoire.
C’est un réveil.
Ce n’est pas un triomphe politique.
C’est une réconciliation historique.
Un peuple qui avait été blessé, mais jamais soumis.
Méprisé, mais jamais silencieux.
Isolé, mais jamais effacé.
Ce jour-là, la Kabylie n’a pas demandé au monde un droit :
elle s’est offert à elle-même sa vérité la plus ancienne :
celle d’une nation qui n’a jamais cessé d’exister.
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